La léproserie St-Antoine à Harar : au croisement de l'histoire missionnaire, médicale et politique de l'Éthiopie (1901-1936)

« En exigeant en Abyssinie les mêmes choses qu’en Europe, on fait souvent le malheur de ceux qu’on prétend sauver ». C’est en ces termes que le voyageur français Henry de Monfreid déplore l’instauration d’une léproserie à Harar en 1901 : la léproserie St-Antoine. En Éthiopie, il n’avait jusqu’alors...

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1. Verfasser: Pedrotti, Vanessa
Format: Dissertation
Sprache:fre
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Zusammenfassung:« En exigeant en Abyssinie les mêmes choses qu’en Europe, on fait souvent le malheur de ceux qu’on prétend sauver ». C’est en ces termes que le voyageur français Henry de Monfreid déplore l’instauration d’une léproserie à Harar en 1901 : la léproserie St-Antoine. En Éthiopie, il n’avait jusqu’alors jamais été question d’écarter les « lépreux » du reste de la société au moyen d’institutions plus ou moins coercitives. Pourquoi cette situation change-t-elle au début du XXe siècle ? Comment expliquer que des missionnaires catholiques français (les Capucins de la Province de Toulouse) soient à l’initiative de cette fondation, alors même que l’Église éthiopienne s’oppose à leur présence sur le territoire ? De quelles manières et sous quelles conditions parviennent-ils à conserver leurs prérogatives jusqu’à la colonisation italienne du pays, en 1936 ? Dans cette thèse, nous engageons une réflexion sur le processus de « modernisation » étatique dans lequel les empereurs Ménélik II et Hailé Sélassié Ier ont décidé d’ancrer leur empire à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. L’étude des circonstances qui entourent la construction de la léproserie et des interactions qui s’y jouent nous permet, par ailleurs, d’interroger le rôle « médical » de la France dans un pays non colonisé. Enfin, il s’agit avant tout d’envisager la léproserie comme un point d’intersection où se produisent des évènements significatifs – diffusion de savoirs, évangélisation, concurrences, révoltes, etc. – qui affectent les acteurs en présence. Ainsi, ce travail met en lumière les enjeux sanitaires, économiques, sociaux, religieux et politiques qui se cristallisent autour de cet établissement. The French traveler Henry de Monfreid bemoans the establishment in 1901 of the St-Anthony Leprosarium of Harar by these words: “Expecting the same things in Abyssinia as in Europe, often brings misfortunes to the ones we claim to save”. Until then, it had not been the practice in Abyssinia to segregate “lepers” from the rest of the society by way of more or less coercive institutions. Why did this change in the early 20th century? How can we explain that French Catholic missionaries (Capuchins of the province of Toulouse) were at the origin of the founding of the Leprosarium, while the Ethiopian Church was staunchly opposed to their presence in the country? In what manner and what circumstances did they manage to keep their prerogatives until the Italian conquest in 1936?In this dissertation, we