Louis de Cahusac, librettiste et théoricien : un collaborateur majeur à l'œuvre de Rameau

Souffrant de la comparaison avec Quinault et Houdar de la Motte, Louis de Cahusac a essuyé de nombreuses critiques de la part du public et des intellectuels de l'époque, en raison, probablement, de sa collaboration si enviée avec Jean-Philippe Rameau. Selon la formule célèbre de Charles Collé,...

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Veröffentlicht in:Revue de musicologie 2013-01, Vol.99 (1), p.33-60
1. Verfasser: Soury, Thomas
Format: Artikel
Sprache:fre
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description Souffrant de la comparaison avec Quinault et Houdar de la Motte, Louis de Cahusac a essuyé de nombreuses critiques de la part du public et des intellectuels de l'époque, en raison, probablement, de sa collaboration si enviée avec Jean-Philippe Rameau. Selon la formule célèbre de Charles Collé, il fut réduit au rang de « valet de chambre parolier ». Cette dévalorisation de l'œuvre de Cahusac se trouve confirmée aujourd'hui par la persistance d'un mythe ramiste : le compositeur, qui de son propre aveu pouvait mettre la Gazette de Hollande en musique, ne s'est pas soucié du choix de ses livrets. Pourtant, la collaboration entre les deux hommes fut à l'origine de plusieurs opéras parmi les plus célèbres du XVIIIe siècle (Les Fêtes de l'Hymen et de l'Amour, Zoroastre). En outre, fort de cette expérience avec Rameau, Cahusac propose une théorie cohérente du spectacle lyrique à travers ses articles de L'Encyclopédie et surtout son Traité historique de la danse qui préfigure notamment les réformes de Noverre. Cet article se propose de définir les caractéristiques de l'opéra cahusacien à travers l'analyse des différents livrets écrits pour Rameau et l'observation parallèle de ses écrits théoriques. S'intéressant également à la mise en espace, au rôle et à la place de la danse, aux effets de machineries, Cahusac devient probablement l'un des premiers metteurs en scène. L'étude de son œuvre lyrique permet ainsi d'éclairer une des collaborations théâtrales les plus fructueuses du XVIIIe siècle et de comprendre le réel intérêt de Rameau pour les paroles d'opéra et en particulier les livrets de Cahusac. Suffering from comparison with Quinault and Houdar de la Motte, Louis de Cahusac had to endure a good deal of criticism both from the general public and from the intellectuals of his time, due no doubt to his much envied collaboration with Jean-Philippe Rameau. As Charles Collé memorably put it, Cahusac was reduced to the rank of a "word-flunkey" (a "valet de chambre parolier"). Such a devaluation of Cahusac's work remains in force today because of the continuing persistence of a myth about Rameau that has the composer so little concerned with his librettos that he would have been perfectly happy, by his own admission, to set to music the Gazette de Hollande. And yet the collaboration between these two men was to result in many of the most celebrated operas of the eighteenth century, among them Zoroastre and, in all probability, Les Boréades. Moreover, Cahusac's experien
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Selon la formule célèbre de Charles Collé, il fut réduit au rang de « valet de chambre parolier ». Cette dévalorisation de l'œuvre de Cahusac se trouve confirmée aujourd'hui par la persistance d'un mythe ramiste : le compositeur, qui de son propre aveu pouvait mettre la Gazette de Hollande en musique, ne s'est pas soucié du choix de ses livrets. Pourtant, la collaboration entre les deux hommes fut à l'origine de plusieurs opéras parmi les plus célèbres du XVIIIe siècle (Les Fêtes de l'Hymen et de l'Amour, Zoroastre). En outre, fort de cette expérience avec Rameau, Cahusac propose une théorie cohérente du spectacle lyrique à travers ses articles de L'Encyclopédie et surtout son Traité historique de la danse qui préfigure notamment les réformes de Noverre. Cet article se propose de définir les caractéristiques de l'opéra cahusacien à travers l'analyse des différents livrets écrits pour Rameau et l'observation parallèle de ses écrits théoriques. S'intéressant également à la mise en espace, au rôle et à la place de la danse, aux effets de machineries, Cahusac devient probablement l'un des premiers metteurs en scène. L'étude de son œuvre lyrique permet ainsi d'éclairer une des collaborations théâtrales les plus fructueuses du XVIIIe siècle et de comprendre le réel intérêt de Rameau pour les paroles d'opéra et en particulier les livrets de Cahusac. Suffering from comparison with Quinault and Houdar de la Motte, Louis de Cahusac had to endure a good deal of criticism both from the general public and from the intellectuals of his time, due no doubt to his much envied collaboration with Jean-Philippe Rameau. As Charles Collé memorably put it, Cahusac was reduced to the rank of a "word-flunkey" (a "valet de chambre parolier"). Such a devaluation of Cahusac's work remains in force today because of the continuing persistence of a myth about Rameau that has the composer so little concerned with his librettos that he would have been perfectly happy, by his own admission, to set to music the Gazette de Hollande. And yet the collaboration between these two men was to result in many of the most celebrated operas of the eighteenth century, among them Zoroastre and, in all probability, Les Boréades. Moreover, Cahusac's experience with Rameau allowed him to formulate the coherent theory of French opera that we find in his articles for the Encyclopédie and especially in his treatise La Danse ancienne et moderne, which foreshadows the reforms of Noverre. This article proposes to set out the main characteristics of Cahusac's concept of opera by means of an analysis of his librettos for Rameau and a concomitant examination of his theoretical writings. As one who was equally interested in staging and in the integration of dance and stage machinery, Cahusac was surely one of the first directors in the modern sense of the term. Exploring his work for the opera sheds light on one of the most successful collaborations of the eighteenth century and helps us to understand both Rameau's general interest in his librettos and his particular interest in those of Cahusac.</description><identifier>ISSN: 0035-1601</identifier><identifier>EISSN: 1958-5632</identifier><language>fre</language><publisher>Société Française de Musicologie</publisher><subject>Humanities and Social Sciences ; Musicology and performing arts</subject><ispartof>Revue de musicologie, 2013-01, Vol.99 (1), p.33-60</ispartof><rights>Société française de musicologie</rights><rights>Distributed under a Creative Commons Attribution 4.0 International License</rights><lds50>peer_reviewed</lds50><woscitedreferencessubscribed>false</woscitedreferencessubscribed></display><links><openurl>$$Topenurl_article</openurl><openurlfulltext>$$Topenurlfull_article</openurlfulltext><thumbnail>$$Tsyndetics_thumb_exl</thumbnail><linktopdf>$$Uhttps://www.jstor.org/stable/pdf/24391871$$EPDF$$P50$$Gjstor$$H</linktopdf><linktohtml>$$Uhttps://www.jstor.org/stable/24391871$$EHTML$$P50$$Gjstor$$H</linktohtml><link.rule.ids>230,314,776,780,799,881,4010,57992,58225</link.rule.ids><backlink>$$Uhttps://shs.hal.science/halshs-03359104$$DView record in HAL$$Hfree_for_read</backlink></links><search><creatorcontrib>Soury, Thomas</creatorcontrib><title>Louis de Cahusac, librettiste et théoricien : un collaborateur majeur à l'œuvre de Rameau</title><title>Revue de musicologie</title><description>Souffrant de la comparaison avec Quinault et Houdar de la Motte, Louis de Cahusac a essuyé de nombreuses critiques de la part du public et des intellectuels de l'époque, en raison, probablement, de sa collaboration si enviée avec Jean-Philippe Rameau. Selon la formule célèbre de Charles Collé, il fut réduit au rang de « valet de chambre parolier ». Cette dévalorisation de l'œuvre de Cahusac se trouve confirmée aujourd'hui par la persistance d'un mythe ramiste : le compositeur, qui de son propre aveu pouvait mettre la Gazette de Hollande en musique, ne s'est pas soucié du choix de ses livrets. Pourtant, la collaboration entre les deux hommes fut à l'origine de plusieurs opéras parmi les plus célèbres du XVIIIe siècle (Les Fêtes de l'Hymen et de l'Amour, Zoroastre). En outre, fort de cette expérience avec Rameau, Cahusac propose une théorie cohérente du spectacle lyrique à travers ses articles de L'Encyclopédie et surtout son Traité historique de la danse qui préfigure notamment les réformes de Noverre. Cet article se propose de définir les caractéristiques de l'opéra cahusacien à travers l'analyse des différents livrets écrits pour Rameau et l'observation parallèle de ses écrits théoriques. S'intéressant également à la mise en espace, au rôle et à la place de la danse, aux effets de machineries, Cahusac devient probablement l'un des premiers metteurs en scène. L'étude de son œuvre lyrique permet ainsi d'éclairer une des collaborations théâtrales les plus fructueuses du XVIIIe siècle et de comprendre le réel intérêt de Rameau pour les paroles d'opéra et en particulier les livrets de Cahusac. Suffering from comparison with Quinault and Houdar de la Motte, Louis de Cahusac had to endure a good deal of criticism both from the general public and from the intellectuals of his time, due no doubt to his much envied collaboration with Jean-Philippe Rameau. As Charles Collé memorably put it, Cahusac was reduced to the rank of a "word-flunkey" (a "valet de chambre parolier"). Such a devaluation of Cahusac's work remains in force today because of the continuing persistence of a myth about Rameau that has the composer so little concerned with his librettos that he would have been perfectly happy, by his own admission, to set to music the Gazette de Hollande. And yet the collaboration between these two men was to result in many of the most celebrated operas of the eighteenth century, among them Zoroastre and, in all probability, Les Boréades. Moreover, Cahusac's experience with Rameau allowed him to formulate the coherent theory of French opera that we find in his articles for the Encyclopédie and especially in his treatise La Danse ancienne et moderne, which foreshadows the reforms of Noverre. This article proposes to set out the main characteristics of Cahusac's concept of opera by means of an analysis of his librettos for Rameau and a concomitant examination of his theoretical writings. As one who was equally interested in staging and in the integration of dance and stage machinery, Cahusac was surely one of the first directors in the modern sense of the term. 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Selon la formule célèbre de Charles Collé, il fut réduit au rang de « valet de chambre parolier ». Cette dévalorisation de l'œuvre de Cahusac se trouve confirmée aujourd'hui par la persistance d'un mythe ramiste : le compositeur, qui de son propre aveu pouvait mettre la Gazette de Hollande en musique, ne s'est pas soucié du choix de ses livrets. Pourtant, la collaboration entre les deux hommes fut à l'origine de plusieurs opéras parmi les plus célèbres du XVIIIe siècle (Les Fêtes de l'Hymen et de l'Amour, Zoroastre). En outre, fort de cette expérience avec Rameau, Cahusac propose une théorie cohérente du spectacle lyrique à travers ses articles de L'Encyclopédie et surtout son Traité historique de la danse qui préfigure notamment les réformes de Noverre. Cet article se propose de définir les caractéristiques de l'opéra cahusacien à travers l'analyse des différents livrets écrits pour Rameau et l'observation parallèle de ses écrits théoriques. S'intéressant également à la mise en espace, au rôle et à la place de la danse, aux effets de machineries, Cahusac devient probablement l'un des premiers metteurs en scène. L'étude de son œuvre lyrique permet ainsi d'éclairer une des collaborations théâtrales les plus fructueuses du XVIIIe siècle et de comprendre le réel intérêt de Rameau pour les paroles d'opéra et en particulier les livrets de Cahusac. Suffering from comparison with Quinault and Houdar de la Motte, Louis de Cahusac had to endure a good deal of criticism both from the general public and from the intellectuals of his time, due no doubt to his much envied collaboration with Jean-Philippe Rameau. As Charles Collé memorably put it, Cahusac was reduced to the rank of a "word-flunkey" (a "valet de chambre parolier"). Such a devaluation of Cahusac's work remains in force today because of the continuing persistence of a myth about Rameau that has the composer so little concerned with his librettos that he would have been perfectly happy, by his own admission, to set to music the Gazette de Hollande. And yet the collaboration between these two men was to result in many of the most celebrated operas of the eighteenth century, among them Zoroastre and, in all probability, Les Boréades. Moreover, Cahusac's experience with Rameau allowed him to formulate the coherent theory of French opera that we find in his articles for the Encyclopédie and especially in his treatise La Danse ancienne et moderne, which foreshadows the reforms of Noverre. This article proposes to set out the main characteristics of Cahusac's concept of opera by means of an analysis of his librettos for Rameau and a concomitant examination of his theoretical writings. As one who was equally interested in staging and in the integration of dance and stage machinery, Cahusac was surely one of the first directors in the modern sense of the term. Exploring his work for the opera sheds light on one of the most successful collaborations of the eighteenth century and helps us to understand both Rameau's general interest in his librettos and his particular interest in those of Cahusac.</abstract><pub>Société Française de Musicologie</pub><tpages>28</tpages></addata></record>
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