L’historien et les langues
Ce numéro vise à explorer la double dimension du rapport des historiens aux langues, pensées comme outils (des historiens) et comme objets (d’histoire).Les interrogations sur la langue mobilisée par les historiens ont été au cœur de l’élaboration, progressive, contradictoire et débattue, de la scien...
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Veröffentlicht in: | Écrire l'histoire 2019-12 (19) |
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Format: | Artikel |
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Zusammenfassung: | Ce numéro vise à explorer la double dimension du rapport des historiens aux langues, pensées comme outils (des historiens) et comme objets (d’histoire).Les interrogations sur la langue mobilisée par les historiens ont été au cœur de l’élaboration, progressive, contradictoire et débattue, de la science historique, du tournant philologique de la Renaissance au linguistic turn des années 1960-1980. Insistant sur la « construction discursive du social », dans ses retranchements les plus extrêmes ce dernier courant historiographique a pu confiner à des positions « fictionnalistes », selon lesquelles l’histoire n’aurait pas eu de régime de vérité différent de la fiction.A posteriori, il est pourtant possible de reconnaître au postulat du linguistic turn – la réalité dont traite la connaissance historique est inséparable du langage qui l’exprime – le mérite de relancer la réflexion épistémologique sur l’histoire. La langue a notamment été remise au centre des questionnements des historiens, et ce à travers une approche pluridisciplinaire, partagée avec les littéraires, les philosophes, les sociologues, ou les linguistes bien sûr.D’un côté, les discussions ont pu porter sur la vocation narrative de l’histoire et la part de la mise en récit dans les opérations de véridiction de l’historien (I. Jablonka). Quelle doit être la langue de l’historien, son style adéquat ? Peut-il se rapprocher de celui de l’auteur de fiction pour emporter le lecteur dans sa mise en intrigue ou doit-il être volontairement sec et/ou neutre, comme gage de sa scientificité ? À quel point doit-il donner à entendre la langue de ses sources ?D’un autre côté, les interrogations vis-à-vis de la langue ont permis d’introduire plus largement une forme de réflexivité des historiens sur l’historicité de leur propre langue et de leurs concepts. Les approches, entre autres, de John Pocock ou de Reinhart Koselleck et sa Begriffsgeschichte, ont invité à réfléchir aux circulations des mots des historiens : entre les langues, à travers des opérations de traduction, mais aussi entre les disciplines. Quelles sont les conséquences, par exemple, du recours grandissant à l’anglais comme langage « nécessaire » et normalisé de la communication scientifique internationale ? Comment l’histoire emprunte-t-elle et ré-acclimate-t-elle, en en transformant nécessairement le sens, certains concepts des autres sciences humaines et sociales ?Le discursif étant perçu par les historiens non comme la totalité du social, mais |
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ISSN: | 1967-7499 2492-7457 |
DOI: | 10.4000/elh.1293 |