La relation maître-élève : entre dette et filiation. Approche psychanalytique de la parole enseignante en éducation

Ce texte propose une façon particulière de faire de la recherche psychanalytique dans le champ des sciences de l’éducation. Notre démarche méthodologique est qualifiée de psychanalyse dans l’éducation par opposition à l’expression classique « application de la psychanalyse ». Elle reprend à sa manière une question déjà connue : la façon dont un enseignant s’adresse à ses élèves est-elle une autre variable conséquente dans l’apprentissage de ces derniers ? Pour cela, nous commencerons par nous appuyer sur deux témoignages d’adultes se souvenant de leur vie d’écolier. L’un d’entre eux nous vient de Sigmund Freud dans un discours de commémoration du cinquantenaire de son lycée de Vienne, et l’autre est d’Albert Camus dans une lettre adressée à son ancien maître à Alger lorsqu’il reçut le Prix Nobel. Tous deux reviennent sur l’influence que la parole de leur maître a eue sur l’apprentissage scolaire et dans la formation intellectuelle de chacun. L’idée est que la parole-enseignante est à l’origine de l’acte éducatif dans la mesure où elle instaure une filiation entre maître et élève qui prend la forme d’une transmission psychique de la dette symbolique.