Charlot, une source d’inspiration pour Henri Michaux: De la figuration de mouvements à la subversion des genres littéraires

Henri Michaux compte parmi ces écrivains qui, au début du xxe siècle, refusent de reproduire aveuglément les codes génériques fixés par la tradition littéraire. Cependant, il ne croit pas en la possibilité d’écrire sans être influencé par ceux-ci ; ainsi, plutôt que de feindre l’oubli, l’écrivain pr...

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Veröffentlicht in:Études françaises (Montreal) 2019, Vol.55 (2), p.95-113
1. Verfasser: Gillain, Nathalie
Format: Artikel
Sprache:fre
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creator Gillain, Nathalie
description Henri Michaux compte parmi ces écrivains qui, au début du xxe siècle, refusent de reproduire aveuglément les codes génériques fixés par la tradition littéraire. Cependant, il ne croit pas en la possibilité d’écrire sans être influencé par ceux-ci ; ainsi, plutôt que de feindre l’oubli, l’écrivain prend le parti d’écrire contre les genres, c’est-à-dire de les attaquer, par les moyens conjugués de la déformation expressive et du court-circuitage. Cet article montre que Michaux élabore ces procédés en se donnant, comme horizon d’écriture, le rythme trépidant du slapstick américain et, plus particulièrement, les mouvements simples mais subversifs du personnage incarné par Charlie Chaplin. En analysant des extraits de ses premiers recueils (Plume, Mes propriétés, Ecuador) à la lumière d’articles sur le cinéma écrits peu avant, nous démontrons en effet que les stratégies énonciatives mises au point par Michaux pour déjouer la reproduction des genres littéraires sont inspirées par les gestes à la fois agressifs et indifférents que Charlot oppose aux conduites réglées par les conventions sociales. Dès 1924, l’écrivain partant en guerre contre les genres s’identifie au personnage de Chaplin et multiplie impassiblement, comme lui, les gestes d’agression envers les représentants de l’ordre. À l’image de Charlot, qui fait basculer d’un coup de pied le corps d’un agent de police, l’écrivain renverse les modèles génériques en prenant la littérature par-dessus la jambe et fait ainsi de la désinvolture, sinon de l’indifférence, sa marque de fabrique : il ne s’agit pas simplement d’écrire vite, pour traduire les mouvements du corps et de la matière pensante, mais aussi de porter atteinte aux modèles littéraires par un geste impulsif, qu’on peut assimiler à une rature.
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Cependant, il ne croit pas en la possibilité d’écrire sans être influencé par ceux-ci ; ainsi, plutôt que de feindre l’oubli, l’écrivain prend le parti d’écrire contre les genres, c’est-à-dire de les attaquer, par les moyens conjugués de la déformation expressive et du court-circuitage. Cet article montre que Michaux élabore ces procédés en se donnant, comme horizon d’écriture, le rythme trépidant du slapstick américain et, plus particulièrement, les mouvements simples mais subversifs du personnage incarné par Charlie Chaplin. En analysant des extraits de ses premiers recueils (Plume, Mes propriétés, Ecuador) à la lumière d’articles sur le cinéma écrits peu avant, nous démontrons en effet que les stratégies énonciatives mises au point par Michaux pour déjouer la reproduction des genres littéraires sont inspirées par les gestes à la fois agressifs et indifférents que Charlot oppose aux conduites réglées par les conventions sociales. Dès 1924, l’écrivain partant en guerre contre les genres s’identifie au personnage de Chaplin et multiplie impassiblement, comme lui, les gestes d’agression envers les représentants de l’ordre. À l’image de Charlot, qui fait basculer d’un coup de pied le corps d’un agent de police, l’écrivain renverse les modèles génériques en prenant la littérature par-dessus la jambe et fait ainsi de la désinvolture, sinon de l’indifférence, sa marque de fabrique : il ne s’agit pas simplement d’écrire vite, pour traduire les mouvements du corps et de la matière pensante, mais aussi de porter atteinte aux modèles littéraires par un geste impulsif, qu’on peut assimiler à une rature.</description><identifier>ISSN: 0014-2085</identifier><identifier>EISSN: 1492-1405</identifier><identifier>DOI: 10.7202/1061908ar</identifier><language>fre</language><publisher>Les Presses de l’Université de Montréal</publisher><ispartof>Études françaises (Montreal), 2019, Vol.55 (2), p.95-113</ispartof><rights>Tous droits réservés © Les Presses de l’Université de Montréal, 2019</rights><lds50>peer_reviewed</lds50><woscitedreferencessubscribed>false</woscitedreferencessubscribed></display><links><openurl>$$Topenurl_article</openurl><openurlfulltext>$$Topenurlfull_article</openurlfulltext><thumbnail>$$Tsyndetics_thumb_exl</thumbnail><linktopdf>$$Uhttps://www.erudit.org/en/journals/etudfr/2019-etudfr04745/1061908ar.pdf$$EPDF$$P50$$Gerudit$$H</linktopdf><linktohtml>$$Uhttp://id.erudit.org/iderudit/1061908ar$$EHTML$$P50$$Gerudit$$H</linktohtml><link.rule.ids>314,691,776,780,4010,27902,27903,27904,79307,79308</link.rule.ids></links><search><creatorcontrib>Gillain, Nathalie</creatorcontrib><title>Charlot, une source d’inspiration pour Henri Michaux: De la figuration de mouvements à la subversion des genres littéraires</title><title>Études françaises (Montreal)</title><description>Henri Michaux compte parmi ces écrivains qui, au début du xxe siècle, refusent de reproduire aveuglément les codes génériques fixés par la tradition littéraire. Cependant, il ne croit pas en la possibilité d’écrire sans être influencé par ceux-ci ; ainsi, plutôt que de feindre l’oubli, l’écrivain prend le parti d’écrire contre les genres, c’est-à-dire de les attaquer, par les moyens conjugués de la déformation expressive et du court-circuitage. Cet article montre que Michaux élabore ces procédés en se donnant, comme horizon d’écriture, le rythme trépidant du slapstick américain et, plus particulièrement, les mouvements simples mais subversifs du personnage incarné par Charlie Chaplin. En analysant des extraits de ses premiers recueils (Plume, Mes propriétés, Ecuador) à la lumière d’articles sur le cinéma écrits peu avant, nous démontrons en effet que les stratégies énonciatives mises au point par Michaux pour déjouer la reproduction des genres littéraires sont inspirées par les gestes à la fois agressifs et indifférents que Charlot oppose aux conduites réglées par les conventions sociales. Dès 1924, l’écrivain partant en guerre contre les genres s’identifie au personnage de Chaplin et multiplie impassiblement, comme lui, les gestes d’agression envers les représentants de l’ordre. À l’image de Charlot, qui fait basculer d’un coup de pied le corps d’un agent de police, l’écrivain renverse les modèles génériques en prenant la littérature par-dessus la jambe et fait ainsi de la désinvolture, sinon de l’indifférence, sa marque de fabrique : il ne s’agit pas simplement d’écrire vite, pour traduire les mouvements du corps et de la matière pensante, mais aussi de porter atteinte aux modèles littéraires par un geste impulsif, qu’on peut assimiler à une rature.</description><issn>0014-2085</issn><issn>1492-1405</issn><fulltext>true</fulltext><rsrctype>article</rsrctype><creationdate>2019</creationdate><recordtype>article</recordtype><recordid>eNpNz8tKxDAYBeAgCo6jC5_AbAWrf27tn6UUxxFG3Oi6pLkwkbEtSQu68zV8PZ_EkVFxdeDwceAQcsrgsuLArxiUTAOatEdmTGpeMAlqn8wAmCw4oDokRzk_AwiptZiRsl6btOnHCzp1nuZ-StZT9_n-Ebs8xGTG2Hd02NZ06bsU6X20azO9HpODYDbZn_zknDwtbh7rZbF6uL2rr1eFZRzHQjrltXBaViVqETzTqgzCcVcx20pjWlQ6aFMa1GXrJQKi9QEr7RR6i0HMyflu16Y-5-RDM6T4YtJbw6D5Ptz8Hd7as531aXJx_Cd_xRcKRlOi</recordid><startdate>2019</startdate><enddate>2019</enddate><creator>Gillain, Nathalie</creator><general>Les Presses de l’Université de Montréal</general><scope>AAYXX</scope><scope>CITATION</scope></search><sort><creationdate>2019</creationdate><title>Charlot, une source d’inspiration pour Henri Michaux</title><author>Gillain, Nathalie</author></sort><facets><frbrtype>5</frbrtype><frbrgroupid>cdi_FETCH-LOGICAL-c128t-4d5e93d9476893fe1956f3d2d71cb4aab859f9a6a896be48088cef879d58ec8f3</frbrgroupid><rsrctype>articles</rsrctype><prefilter>articles</prefilter><language>fre</language><creationdate>2019</creationdate><toplevel>peer_reviewed</toplevel><toplevel>online_resources</toplevel><creatorcontrib>Gillain, Nathalie</creatorcontrib><collection>CrossRef</collection><jtitle>Études françaises (Montreal)</jtitle></facets><delivery><delcategory>Remote Search Resource</delcategory><fulltext>fulltext</fulltext></delivery><addata><au>Gillain, Nathalie</au><format>journal</format><genre>article</genre><ristype>JOUR</ristype><atitle>Charlot, une source d’inspiration pour Henri Michaux: De la figuration de mouvements à la subversion des genres littéraires</atitle><jtitle>Études françaises (Montreal)</jtitle><date>2019</date><risdate>2019</risdate><volume>55</volume><issue>2</issue><spage>95</spage><epage>113</epage><pages>95-113</pages><issn>0014-2085</issn><eissn>1492-1405</eissn><abstract>Henri Michaux compte parmi ces écrivains qui, au début du xxe siècle, refusent de reproduire aveuglément les codes génériques fixés par la tradition littéraire. 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Dès 1924, l’écrivain partant en guerre contre les genres s’identifie au personnage de Chaplin et multiplie impassiblement, comme lui, les gestes d’agression envers les représentants de l’ordre. À l’image de Charlot, qui fait basculer d’un coup de pied le corps d’un agent de police, l’écrivain renverse les modèles génériques en prenant la littérature par-dessus la jambe et fait ainsi de la désinvolture, sinon de l’indifférence, sa marque de fabrique : il ne s’agit pas simplement d’écrire vite, pour traduire les mouvements du corps et de la matière pensante, mais aussi de porter atteinte aux modèles littéraires par un geste impulsif, qu’on peut assimiler à une rature.</abstract><pub>Les Presses de l’Université de Montréal</pub><doi>10.7202/1061908ar</doi><tpages>19</tpages></addata></record>
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