La monarchie russe à la lumière de la crise politique des années 1530-1540
L'auteur soutient que les crises politiques peuvent être considérées comme des "expériences" menées par l'Histoire elle-même: elles éclairent le fonctionnement d'un système politique qui, lorsque la situation est "normale", demeure opaque. Ainsi, une analyse minuti...
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Veröffentlicht in: | Cahiers du monde russe 2005-01, Vol.46 (1/2), p.211-218 |
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Format: | Artikel |
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creator | Krom, Mihail M. Teiro, Élisabeth Berelowitch, André |
description | L'auteur soutient que les crises politiques peuvent être considérées comme des "expériences" menées par l'Histoire elle-même: elles éclairent le fonctionnement d'un système politique qui, lorsque la situation est "normale", demeure opaque. Ainsi, une analyse minutieuse de la crise politique des années 1530-1540, crise provoquée par la minorité d'Ivan IV, peut nous aider à mieux comprendre la monarchie médiévale russe. Cette crise, en effet, jette un jour nouveau sur le rôle du souverain dans le système politique et sur les fonctions de ses conseillers et de ses clercs. L'auteur conclut que les prérogatives imprescriptibles du souverain comprenaient le contrôle exercé sur l'élite aristocratique ainsi que la représentation de l'État dans les relations extérieures. Pour ce qui était de l'administration au jour le jour, elle était confiée à un groupe encore embryonnaire de bureaucrates (une proto-bureaucratie): les maîtres de l'Hôtel, les trésoriers, les secrétaires (d'jaki). Ces administrateurs professionnels disposaient d'un réel pouvoir, mais en termes de dignité et de prestige ils étaient éclipsés par les aristocrates titulaires du grade le plus élevé de la cour, celui de bojarin. Enfin, comparée à d'autres monarchies du XVIe siècle, la grande-principauté de Moscou semble plutôt archaïque, ce qui ne veut pas dire immuable: bien au contraire, le milieu du XVIe siècle est une époque de changements rapides et profonds. /// The author argues that political crises may be seen as "experiments" conducted by History itself: they illuminate the working of a political system which in "normal" situations remains obscure. Thus a close examination of the political crisis of the 1530s and 1540s caused by young Ivan IV's minority may contribute to a better understanding of late medieval Russian monarchy. The situation of crisis sheds new light on the role of the sovereign in this political system and on the functions of his councillors and clerks. The author comes to the conclusion that the unalienable prerogatives of the monarch included control over the aristocratic elite and representation of the state in foreign affairs. As for day-to-day administrative functions, they were delegated to a rising group of bureaucrats (a proto-bureaucracy): majordomos, treasurers, and secretaries (d'iaki). Though these professional administrators wielded real power, in terms of honor and prestige they were overshadowed by the aristocrats who held the highest court rank of boyars. Final |
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Ainsi, une analyse minutieuse de la crise politique des années 1530-1540, crise provoquée par la minorité d'Ivan IV, peut nous aider à mieux comprendre la monarchie médiévale russe. Cette crise, en effet, jette un jour nouveau sur le rôle du souverain dans le système politique et sur les fonctions de ses conseillers et de ses clercs. L'auteur conclut que les prérogatives imprescriptibles du souverain comprenaient le contrôle exercé sur l'élite aristocratique ainsi que la représentation de l'État dans les relations extérieures. Pour ce qui était de l'administration au jour le jour, elle était confiée à un groupe encore embryonnaire de bureaucrates (une proto-bureaucratie): les maîtres de l'Hôtel, les trésoriers, les secrétaires (d'jaki). Ces administrateurs professionnels disposaient d'un réel pouvoir, mais en termes de dignité et de prestige ils étaient éclipsés par les aristocrates titulaires du grade le plus élevé de la cour, celui de bojarin. Enfin, comparée à d'autres monarchies du XVIe siècle, la grande-principauté de Moscou semble plutôt archaïque, ce qui ne veut pas dire immuable: bien au contraire, le milieu du XVIe siècle est une époque de changements rapides et profonds. /// The author argues that political crises may be seen as "experiments" conducted by History itself: they illuminate the working of a political system which in "normal" situations remains obscure. Thus a close examination of the political crisis of the 1530s and 1540s caused by young Ivan IV's minority may contribute to a better understanding of late medieval Russian monarchy. The situation of crisis sheds new light on the role of the sovereign in this political system and on the functions of his councillors and clerks. The author comes to the conclusion that the unalienable prerogatives of the monarch included control over the aristocratic elite and representation of the state in foreign affairs. As for day-to-day administrative functions, they were delegated to a rising group of bureaucrats (a proto-bureaucracy): majordomos, treasurers, and secretaries (d'iaki). Though these professional administrators wielded real power, in terms of honor and prestige they were overshadowed by the aristocrats who held the highest court rank of boyars. Finally, when compared to other sixteenth-century European monarchies, the Muscovite grand principality looks rather archaic -- which should not be understood as immutable: on the contrary, the middle of the sixteenth century was a period of rapid and profound changes.</description><identifier>ISSN: 1252-6576</identifier><identifier>EISSN: 1777-5388</identifier><identifier>DOI: 10.4000/monderusse.2776</identifier><language>fre</language><publisher>École des Hautes Études en Sciences Sociales</publisher><subject>Autour de la monarchie</subject><ispartof>Cahiers du monde russe, 2005-01, Vol.46 (1/2), p.211-218</ispartof><rights>Copyright 2005 École des Hautes Études en Sciences Sociales</rights><oa>free_for_read</oa><woscitedreferencessubscribed>false</woscitedreferencessubscribed></display><links><openurl>$$Topenurl_article</openurl><openurlfulltext>$$Topenurlfull_article</openurlfulltext><thumbnail>$$Tsyndetics_thumb_exl</thumbnail><linktopdf>$$Uhttps://www.jstor.org/stable/pdf/20174953$$EPDF$$P50$$Gjstor$$H</linktopdf><linktohtml>$$Uhttps://www.jstor.org/stable/20174953$$EHTML$$P50$$Gjstor$$H</linktohtml><link.rule.ids>314,780,784,803,27923,27924,58016,58249</link.rule.ids></links><search><creatorcontrib>Krom, Mihail M.</creatorcontrib><creatorcontrib>Teiro, Élisabeth</creatorcontrib><creatorcontrib>Berelowitch, André</creatorcontrib><title>La monarchie russe à la lumière de la crise politique des années 1530-1540</title><title>Cahiers du monde russe</title><description>L'auteur soutient que les crises politiques peuvent être considérées comme des "expériences" menées par l'Histoire elle-même: elles éclairent le fonctionnement d'un système politique qui, lorsque la situation est "normale", demeure opaque. Ainsi, une analyse minutieuse de la crise politique des années 1530-1540, crise provoquée par la minorité d'Ivan IV, peut nous aider à mieux comprendre la monarchie médiévale russe. Cette crise, en effet, jette un jour nouveau sur le rôle du souverain dans le système politique et sur les fonctions de ses conseillers et de ses clercs. L'auteur conclut que les prérogatives imprescriptibles du souverain comprenaient le contrôle exercé sur l'élite aristocratique ainsi que la représentation de l'État dans les relations extérieures. Pour ce qui était de l'administration au jour le jour, elle était confiée à un groupe encore embryonnaire de bureaucrates (une proto-bureaucratie): les maîtres de l'Hôtel, les trésoriers, les secrétaires (d'jaki). Ces administrateurs professionnels disposaient d'un réel pouvoir, mais en termes de dignité et de prestige ils étaient éclipsés par les aristocrates titulaires du grade le plus élevé de la cour, celui de bojarin. Enfin, comparée à d'autres monarchies du XVIe siècle, la grande-principauté de Moscou semble plutôt archaïque, ce qui ne veut pas dire immuable: bien au contraire, le milieu du XVIe siècle est une époque de changements rapides et profonds. /// The author argues that political crises may be seen as "experiments" conducted by History itself: they illuminate the working of a political system which in "normal" situations remains obscure. Thus a close examination of the political crisis of the 1530s and 1540s caused by young Ivan IV's minority may contribute to a better understanding of late medieval Russian monarchy. The situation of crisis sheds new light on the role of the sovereign in this political system and on the functions of his councillors and clerks. The author comes to the conclusion that the unalienable prerogatives of the monarch included control over the aristocratic elite and representation of the state in foreign affairs. As for day-to-day administrative functions, they were delegated to a rising group of bureaucrats (a proto-bureaucracy): majordomos, treasurers, and secretaries (d'iaki). Though these professional administrators wielded real power, in terms of honor and prestige they were overshadowed by the aristocrats who held the highest court rank of boyars. 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Ainsi, une analyse minutieuse de la crise politique des années 1530-1540, crise provoquée par la minorité d'Ivan IV, peut nous aider à mieux comprendre la monarchie médiévale russe. Cette crise, en effet, jette un jour nouveau sur le rôle du souverain dans le système politique et sur les fonctions de ses conseillers et de ses clercs. L'auteur conclut que les prérogatives imprescriptibles du souverain comprenaient le contrôle exercé sur l'élite aristocratique ainsi que la représentation de l'État dans les relations extérieures. Pour ce qui était de l'administration au jour le jour, elle était confiée à un groupe encore embryonnaire de bureaucrates (une proto-bureaucratie): les maîtres de l'Hôtel, les trésoriers, les secrétaires (d'jaki). Ces administrateurs professionnels disposaient d'un réel pouvoir, mais en termes de dignité et de prestige ils étaient éclipsés par les aristocrates titulaires du grade le plus élevé de la cour, celui de bojarin. 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As for day-to-day administrative functions, they were delegated to a rising group of bureaucrats (a proto-bureaucracy): majordomos, treasurers, and secretaries (d'iaki). Though these professional administrators wielded real power, in terms of honor and prestige they were overshadowed by the aristocrats who held the highest court rank of boyars. Finally, when compared to other sixteenth-century European monarchies, the Muscovite grand principality looks rather archaic -- which should not be understood as immutable: on the contrary, the middle of the sixteenth century was a period of rapid and profound changes.</abstract><pub>École des Hautes Études en Sciences Sociales</pub><doi>10.4000/monderusse.2776</doi><tpages>8</tpages><oa>free_for_read</oa></addata></record> |
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