Le Jules César de Henry de Montherlant : dialogue avec une ombre

Au printemps 1921, tandis qu’il rédigeait Le Songe et méditait pour la Revue hebdomadaire un copieux article en faveur de l’Œuvre de l’Ossuaire de Douaumont, Henry de Montherlant composa un dialogue à la Montesquieu où il opposait à l’ombre de César un jeune homme dont les traits et les aspirations rappellent ceux du héros du Songe, sinon de l’auteur lui-même. Ce dialogue, qu’on a exhumé du dossier naf 28165 de la BnF, est resté à l’état de manuscrit, l’écrivain ayant sans doute estimé qu’il faisait double emploi avec l’une ou l’autre page de son roman ou de son article pour la revue. Mais enfin l’œuvre ne manque pas d’intérêt, qu’on la tienne pour un jalon sur la route conduisant au Chant funèbre pour les morts de Verdun de 1924 ou qu’on y reconnaisse l’autoportrait d’un homme moins à l’aise dans la paix que dans la guerre. During the spring 1921, writing Le Songe and meditating for the Revue hebdomadaire an ample article in favour of the Œuvre de l’Ossuaire at Douaumont, Henry de Montherlant composed a dialogue in Montesquieu’s style where he set against Caesar’s shadow a young man, whose traits and aspirations remind those of the hero of the Songe, if not those of the author himself. This dialogue, unearthed from the naf 28165 dossier of the BnF, remained just a manuscript since the writer had doubtless thought that it would be a duplication of some parts from his novel or his review article. Nonetheless, this work has a twofold motif of interest: both as reference point leading to the Chant funèbre pour les morts de Verdun (1924), and as self-portrait of a man less at ease with peace than with war.