Une technique d’engrangement, un symbole perché

Cet article propose une nouvelle lecture des techniques mises en oeuvre dans les greniers fortifiés (agadir pl. igudar) d’Afrique du Nord à partir d’une étude de cas menée dans l’oasis d’Amtudi (province de Guelmin, Maroc). Ces greniers sont des forteresses dans lesquelles s’alignent les cases où so...

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Veröffentlicht in:Techniques et culture (Paris) 2012, p.182-201
Hauptverfasser: Delaigue, Marie-Christine, Pintado, Jorge Onrubia, Bokbot, Youssef, Amarir, Abdessalam
Format: Artikel
Sprache:fre
Online-Zugang:Volltext
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Beschreibung
Zusammenfassung:Cet article propose une nouvelle lecture des techniques mises en oeuvre dans les greniers fortifiés (agadir pl. igudar) d’Afrique du Nord à partir d’une étude de cas menée dans l’oasis d’Amtudi (province de Guelmin, Maroc). Ces greniers sont des forteresses dans lesquelles s’alignent les cases où sont entreposées récoltes et divers biens des familles. Ces bâtiments sont pour la plupart abandonnés, mais le croisement des données archéologiques, ethnographiques ainsi que l’utilisation de textes provenant des archives familiales permettent de restituer la place de cette institution au sein de la société. Les pratiques de l’agadir opèrent une médiation entre nature et culture et tentent d’assurer, dans un contexte difficile, la survie du groupe. Mais au-delà des gestes techniques de conservation et de gestion des réserves (essentiellement du grain qui a valeur sacrée), l’efficacité sociale de ces institutions tient surtout à la gestion collective du bâtiment et à la résolution des tensions propres aux conditions de son fonctionnement. Cette technique d’engrangement met en œuvre tous les ressorts de cette société qui symbolise dans cette institution sa force et sa cohésion ; elle forge ainsi l’image idéale, unitaire que le groupe, socialement hétérogène, veut se donner de lui-même. Mais cette situation ne peut avoir lieu que dans les premiers temps, lorsque la communauté construit sa cohésion et son identité car les tensions entre le processus d’engrangement et les enjeux de la formation sociale se traduisent d’abord dans l’hypertrophie de la régulation des pratiques puis dans l’acceptation de déviances et enfin dans la division du groupe et l’édification de nouveaux greniers comme l’attestent les ruines de plusieurs structures dans la vallée. Depuis la Pacification l’abandon de ces pratiques consensuelles s’accompagne d’une modification de l’identité du groupe et de sa cohésion.
ISSN:0248-6016
1952-420X
DOI:10.4000/tc.5875