Corps séparé, corps échoué : le sujet de l’exil

La question de l’étranger donne vue sur la logique inconsciente de la ségrégation, comme position subjective et condition sociale. Le sujet-en-exil n’est pas seulement retranché de la jouissance indigène, il déclenche à cette occasion quelque chose du corps propre, qui se dévoile dans et par la « condition exilique ». C’est le corps-épave, « échoué » sur le rivage, sur la rive de l’autre qui en donne la mesure. L’« échouage » d’une épave nommée Ulysse, dans laquelle Nausicaa reconnaît la forme du héros, peut en servir de paradigme. Cela permet de mettre en perspective la question du « soin » que requiert ce corps exilé et en quoi l’événement de l’exil révèle, sur le mode traumatique, une donnée structurale, soit l’éloignement du sujet par rapport à son corps, rencontre de son « extimité ». On trouve là l’objet d’origine de la clinique, ce mal du pays ( Heimweh ), « sentiment de l’Autre » dont l’exil est l’actualisation. Bref, l’exil déclenche le corps, ce qui, à travers la clinique des somatisations, donne vue sur une clinique de l’étranger.